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« Il avait plu à verse des jours et des nuits durant, mais ce jour-là un vent violent soufflait du nord-est et le soleil enfin se montra. Les eaux de la cascade étaient en crue. Avant même d’avoir parcouru cinq li dans la vallée, nous entendîmes un fracas qui fit trembler notre escorte. Nous vîmes au nord-ouest de hauts rochers, dressés comme des géants nous regardant de haut ou de massives colonnes. Au bout de deux cents pas, ils nous semblèrent se rejoindre comme deux jambes. Une centaine de pas plus loin, il devinrent un écran au sommet déchiqueté, tel un crabe monstrueux agitant ses pinces. »

 Li Xiaoguang, La cascade du Drargon, p.70-72

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« Il avait beaucoup neigé pendant trois jours, et l'on n'entendais  pas une voix humaine ni un chant d'oiseau sur le lac.

Dans le silence de la nuit, je prit un petit bateau  et, enveloppé d'une fourrure, serré contre un brasero, je m'en allait, solitaire, au Pavillon au Coeur, pour y regarder la neige. Une brume givrée recouvrait l'eau de sa blancheur ; le ciel, les nuages et les monts confondus, tout, de haut en bas, était blanc.  »

Le pavillon au coeur du lac sous la neige, p.130-131

«C'était durant l'hiver de l'an jimei (1619), à la veille d'une pleine lune. Je faisais alors un séjour studieux à la Grotte du Cerf Blanc. Je fis une promenade nocturne à la lisière d'une forêt, mais ne pus assouvir mon goût de la contemplation car la lune était voilée par les nuages. Alors, je lus des relations de randonnées dans des montagnes célèbres, tandis que mon esprit flottait au-dessus de dix milles monts aux reliefs fantastiques. Puis je pris ma couverture glacée et préparai ma couche solitaire. Bientôt dans mes rêves, je gravis une montagne céleste »

Extrait de"Rêve", Li Yingsheng, p.114

« La Fontaine de Jade sourd en une pluie de perles pour se déverser dans un canal obstrué de grosses pierres. L’eau tombe d’une hauteur de plus de dix pieds avec un bruit si fort qu’il s’entend à plusieurs li à la ronde. J’aime à venir l’écouter quand je séjourne sur la montagne. »


Extrait de "Le kiosque des Accords Parfaits", Yuan Zhongdao, p. 80. 

« Il y avait des années que l'on n'avait vu un bateau sur l'Etang de Maître Pang, à plus forte raison la nuit, et surtout pour contempler la lune.  »

 


Zhang Dai, "l'Etang de maître Pang", p.132

« On se fraie un chemin en coupant les bambous, et, en contrebas, on voit la ravine.

(...) 

 

La lumière du soleil descend au fond de l'eau et projette leurs ombres sur les pierres ; paisibles et immobiles, elles s'enfuient brusquement puis reviennent aussitôt, comme pour partager la joie du promeneur.  »
​​

 


Liu Zongyuan, "La ravine de pierre  à l'Ouest de la colline", p.36

« A la tombée du soir, le paysage s'efface. Saisi d'effroi, je ne puis m'attarder plus longtemps et rentre me coucher dans mon bateau. Bientôt, je monte en rêve vers un grand kiosque. »
​​

 


Wang Siren, "Le mont du kiosque respectueux", p.108

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"Je ne saurais où trouver les couleurs pour peindre, à ce moment, le ciel et la terre, les monts et les eaux, l'irisation des nuages et les teintes du soleil, les fumées irradiés sur un fond de ténèbres. J'imagine que cette splendeur ferait blêmir de jalousie les plus beaux mirages, rougir de honte le royaume du Bouddha, pâlir le prestige des nuées de bon augure. [...] Moi qui ai toujours aimé appeler les choses par leur nom, j'ai cherché pour ces couleurs des équivalents dans notre monde. Même si mon esprit ne les a pas vraiment discernées, si mes yeux ne les ont pas vraiment perçues, je ne puis m'empêcher d'en faire part aux autres. C'est pourquoi j'ai parlé de simulacre. Mais peut-on en décrire ainsi ne fût-ce qu'un dix millième?

Hélas, il faut avoir contemplé la richesse de l'univers pour comprendre la misère de l'homme!


 Wang Siren, "Le Petit Océan", p.107

"On peut avec eux parler de chan et poétiser, ou errer librement hors du monde. Leurs demeures sont raffinées et pourvues de salles pour la cuisine et les ablutions. La couleur des bambous se reflètent sur les êtres ; l’éclat du fleuve se réfléchit dans les demeures.

Un séjour aussi pur existe-t-il dans le monde des passions ? Meng Yang m’a dit un jour :
"J’ai résidé sur cette montagne. A chaque coucher du soleil, je montais au sommet pour dominer le paysage. Le soleil à son déclin incendiait encore la rive occidentale que la lune montait déjà au-dessus de la berge orientale. Le monde n’était plus qu’ambre et émail, clair-obscur chatoyant, sans nom pour le nommer. ""

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Au Mont Brûlé, p.103

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" La Montagne Eléphantine est un lieu solitaire, et je suis, moi aussi un solitaire. Qui d'autre que moi pourrait apprécier et fréquenter ce lieu où la rumeur du monde ne parvient qu'assourdie ?  Après que j'eus commencé à m'y promener, l'eau se mit à chanter plus fort, les pierres à sonner plus clair, les plantes et les animaux à prospérer.

Ô si la Montagne Eléphantine me rejetait, elle n'aurait pas d'ami qui la comprenne, et qui me comprendrait, moi, si je l'abandonnais? 

"Celui qui est libre et disponible devient le maître des fleurs et des monts, du vent et de la lune", disaient les anciens.

Bien que je n'ose prétendre être le maître de la Montagne Elephantine, je crois pouvoir dire qu'elle est une amie qui me comprend. "

 Shu Shu, "La Montagne Eléphantine", p.144

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" Je revois en esprit les merveilles du Mont brulé, qui doit sa beauté à l'union de ses espaces calmes et nus et de sa luxuriante végétation. Sur son sommet, s'attarde à le savourer. Les vagues soulevées par le vent, les formes ennuagées, dont la contemplation dilate la poitrine et illumine le regard. "


 Li Liufang, au mont brulé, p.100-104

" Au temps où le ciel et la terre étaient encore confondus, le souffle cosmique était diffus, la terre et l’eau se fondaient en une masse indistincte au cœur de laquelle de mêlaient des pierres souples comme des nouveau-nés. Un jour, le ciel se mit à flotter tandis que la terre s’effondrait ; caressés par le vent qui se levait, le sable vola et l’eau se rassembla."


 Yuan Mei , Le mont du dragon jaune , p.151-153

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" Comme j'avançais par voie d'eau, souvent contrait de m'arrêter, j'eus tout loisir d'admirer le paysage. Mon esprit se reposa sur des îlots cernés d'une eau pure, mon regard se délassa dans la douceur du crépuscule. […] Une bourrasque soudain se lève, les oiseaux inquiets regagnent leurs nids. Je n'entends plus rien, même en tendant l'oreille ; je ne vois plus rien, même en écarquillant les yeux[…] Je suis étreint de mélancolie devant ces flots soulevés de vagues sans fin, envahi de tristesse devant ces eaux accumulées dans un val sans fond. Quand la brume du fleuve se dissipe, on voit la poussière monter de la terre. Insondable est le mystère de ces flots qui s'assemblent et s'écoulent éternellement. "

 

 

 

 

 

 


"Bao Zhao - Aux rives du tonnerre », p 21-25 

"Les formes du vent, paysage chinois en prose", traduit par Marine Valette-Héméry, édition Albin Michel 2007.

" La pluie, le vent, la rosée, le tonnerre sont d'origine céleste. On peut voir la pluie et la rosée, dont toute chose attend l'eau qui la vivifie. Le tonnerre, on ne le voit pas, on l'entend [...] A l'écouter, on est délivré de ses tourments et purifié de ses humeurs troubles. On se sent apaisé et détaché, l'esprit dilaté et le coeur léger [...] Le moine Fangzhou a construit sous ces pins un ermitage qu'il a nommé le Pavillon du Vent dans les Pins. Passant un jour par là, je m'y arrêtai et y fus si heureux que je ne pus songer au retour. C'est un lieu de retraite qui n' est pas éloigné des hommes, où il ne fait pas trop chaud en été, ni trop froid en hiver. Mes yeux se réjouissaient de contempler les pins et mes oreilles deles entendre."


 Liu Ji  , Le pavillon du Vent dans les pins , p.73-76

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" À la pleine lune du septième mois, on ne voit rien d’autre, au Lac de l’Ouest, que des gens qui regardent la pleine lune du septième mois [...]. Ils sont censés regarder la lune, mais en fait ils ne la voient pas : c’est leur manière de regarder la lune. "

 

Zhang Dai, « Le Lac de l’Ouest à la pleine Lune du septième mois », p.91

"Il ne dormait pas lui non plus, et nous déambulâmes de compagnie dans la cour du monastère. Le sol était inondé d'une lumière fluide où les ombres des bambous et des cyprès s'entrelaçaient comme des herbes aquatiques. [...]. "

 

Su Shi, « Promenade nocturne au monastère de l''Obédience Céleste», p.58

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"Je dors et mange entre {la terre et l’eau}, je vais et viens de l’un à l’autre ; j’en suis toutes les métamorphoses de l’aubes au crépuscule ; je vois les nuages se faire et se défaire."

Liu Xian, « Le Lac de l'Ouest», p.91

Si l’on essaie de regarder, on ne voit que du noir ; si l’on jette un caillou, on entend un bruit d’eau dont l’écho cristallin se prolonge très longtemps. En tournant tout autour, on arrive à monter dessus ; de là, la vue s’étend très loin. La terre est rare, mais il y pousse des arbres puissants et de magnifiques bambous d’une prodigieuse vigueur. À voir comme ils sont disposés, espacés ou serrés, droits ou penchés, on croirait que c’est l’oeuvre d’un être intelligent. "

 

 


"Liu Zongyuan, « Le Mont de la Petite Ville de Pierre », p 38-39 

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